Le Conservatoire : histoire et conservation

HISTOIRE

"Le Conservatoire du Musée de Vassogne est le résultat d’une construction intellectuelle et il faut revenir aux origines de la collecte pour le comprendre. J’ai huit ans lorsque mes parents héritent sur la commune de Vassogne, d’un corps de ferme, propriété de la famille depuis le XIXème siècle. Le temps semblait s’être arrêté dans cette maison : archives, objets et outils s’étaient stratifiés de générations en générations. Mes parents ne cherchèrent pas à débarrasser cette maison de ces objets devenus encombrants. Bien au contraire, ils laissèrent cela en l’état, ma mère émettant même le souhait de conserver de nombreux objets. J’ai alors commencé à regrouper les outils, archives et objets dans une écurie, ordonnant ce matériel de telle sorte à le faire visiter à un public très restreint qui se limitait alors à mes parents. Parallèlement, ces derniers m’emmenaient sur les brocantes de l’Aisne et je commençais à acheter des outils pour compléter les métiers. Voilà l’optique de mes débuts. Je m’appuyais sur le livre de Georges et Nicole Gaubert, pour identifier les pièces manquantes. Les années passent, la collection grandit, et je rencontre Daniel Pillant, professeur à l’ESAD de Reims et scénographe de la Maison de l’Outil et de la Pensée Ouvrière de Troyes. J’ai dix-huit ans. Daniel organisait alors une exposition de photographies des vitrines de la Maison de l’Outil dans le Lycée Champenois où je me trouvais. Je découvre les clichés et lui parle de mon musée. Je pense qu’il est alors interloqué par cette passion. Ce que je ne sais pas encore et que je vais découvrir quelques mois plus tard, c’est qu’il est lui-même collectionneur. Daniel m’invite à Reims et je découvre alors un univers extraordinaire, unique, raffiné mais aussi exigeant. Des milliers d’objets, essentiellement agraires, se trouvaient là : sur les murs, au sol, dans des caisses. Un petit chemin serpentant entre les montagnes d’objets me permit d’atteindre son bureau : celui d’un chercheur, plasticien, scénographe et homme de lettres. C’est dans cette maison que je comprends l’importance de l’unité dans une collection. Daniel m’emmène ensuite à la Maison de l’Outil de Troyes et je visite « Le Louvre de l’ouvrier ». J’y découvre des scénographies rythmées, exigeantes dans le fond comme dans la forme et profondément contemporaines. Je comprends alors ce que doit être un musée. Une grande amitié voit le jour entre nous. C’est alors le début de nombreuses chines et ventes communes. Daniel sera aussi à mes côtés lorsque je décide en 2007 de démarrer le chantier de construction du Musée de Vassogne. Un an plus tard, l’Association pour la promotion du Musée est créée et, en 2010, le Musée est inauguré. La rédaction de ma thèse de Doctorat me fera prendre conscience de ce que devront être et seront les collections du Musée de Vassogne. Bien sûr, la question de la conservation du patrimoine des années 20 se posait et de très nombreux objets et archives avaient déjà été collectés. Il était devenu essentiel de questionner cette période avec des collections plus anciennes, de confronter ces objets de l’ancien monde avec celui de l’après guerre. A l’issue de ma soutenance de thèse en 2012, je décidais qu’il était temps de concevoir et de construire le Conservatoire du Musée de Vassogne. Ce nouvel équipement devait permettre de rendre visible et de partager avec les publics cette confrontation en créant un espace de conservation des objets d’avant guerre et un espace consacré aux objets de la Reconstruction. Le Conservatoire fut achevé fin 2016 et inauguré en 2017."

LES COLLECTIONS

"A la tête aujourd’hui d’une collection de près de 10 000 outils et objets d’art populaire, d’un fonds de 250 mètres linéaires d’archives d’entreprise et de documentation sur l’outil, le Chemin des Dames et l’Aisne ainsi que d’une bibliothèque conséquente, j’ai entrepris, parallèlement au musée, la construction d’un Conservatoire ayant pour but de préserver cet héritage hors du commun. Ce projet d'hier est aujourd'hui devenu une réalité" Stéphane Bedhome.